Poutine ”santé”

Vendredi matin, 7h…

Ma femme s’apprête à quitter pour le travail. Sur le pas de la porte, elle me demande si je veux manger du “Benny” pour souper. “Oui, bonne idée”! (À moi la poutine thaïe!) On s’embrasse, je lui souhaite une bonne journée. Il fait soleil, mais il fait froid. Je mets des bas de laine dans mes sandales. J’attache les deux chiens et je sors marcher. La vie est belle, ça va être une magnifique journée.

Il y a 2 ans, ce que j’ai vécu ce matin n’aurait pas été possible. Encore moins, il y a 5 ans, au pire de mon trouble alimentaire! Premièrement, debout à 7h en forme pour aller marcher, im-po-ssible! Deuxièmement, la simple idée de manger du Benny pour souper aurait représenté une angoisse, une pensée omniprésente qui m’aurait affectée tout au long de ma journée de travail. Je n’aurais pas déjeuné… ou pire j’aurais pesé, calculé, vérifié les calories de la dite poutine (oh combien délicieuse!) pour voir si je pouvais me permettre mon yogourt grec avec des fruits pour déjeuner.

…Mais juste des fraises ou des framboises, surtout pas de bananes (aliment du DIABLE!).

J’aurais diné une salade et si j’avais réussi à sauter le déjeuner, j’aurais peut-être pris un peu de poulet grillé. Et la salade, pas de vinaigrette, juste du jus de citron (on gaspillera pas de précieuses calories là-dedans!)

Et ma tête aurait été occupée, toute la journée, à calculer, à avoir faim. J’aurais eu mal à la tête, je n’aurai pas été concentrée dans mon travail. Pire encore, j’aurais passé la demi-heure de route entre la maison et le travail à négocier avec moi-même. « Je vais tu courir? Je m’entraîne tu ce soir ou je ne m’entraîne pas? Combien de kilomètres je devrais courir? Si je vais courir, je dois y aller avant de souper parce que si je mange une poutine, je ne pourrai pas faire une bonne course. » Finalement, je n’aurais rien fait. Parce que, remplie d’anxiété, j’aurais été gelée toute la journée, incapable de prendre des décisions sans être affectée par ce que j’allais manger pour souper.

Cette étape-là, ce processus-là, cette période-là de ma vie me permet d’apprécier encore plus aujourd’hui cette liberté que je me suis offerte. La liberté de vivre sans l’emprise d’un trouble alimentaire, sans la pression de la perfection et avec le choix de m’aimer pleinement dans toute mon entièreté.

Ce matin, après la marche avec les chiens, je me suis préparée et j’ai déjeuné! Un bol de céréales avec des fraises et des bananes (tiens-toi!) et j’ai quitté pour le travail. Je me sens bien, je me sens belle et surtout je suis en forme dans mon corps et dans ma tête. Pas une once d’anxiété, pas la moindre préoccupation pendant les 30 minutes de route entre la maison et le bureau. En fait, la seule chose que j’ai fait durant ces 30 minutes là, c’est penser à ce que j’allais vous dire (un peu la larme à l’oeil!). Ça me rend si fière et remplie de gratitude de réaliser le chemin parcouru et de me rendre compte à quel point je suis bien aujourd’hui.

Je te raconte mon histoire de poutine pour te dire que:

ta santé mentale pis ton bien-être

pis l’amour que tu es capable de donner à tes proches,

ta concentration au travail pis ton mal de tête qui sera pas là

pis ton anxiété qui va être partie…

toute toute, toute ça a beaucoup plus de valeur que ton tour de taille, que combien de livres tu pèses ou que ce que tu as l’air dans ton linge. Et que ta fameuse poutine, que tu vas manger ce soir, elle aura pas régulé toute ta journée. Pis quand tu vas la manger, maudit qu’elle va être bonne. Elle ne sera pas une obsession et elle ne gèrera pas ta vie. Elle va juste gérer tes papilles gustatives pour partager un instant de bonheur!

Partager un moment avec ma femme en étant complètement là, sans penser à ce que je suis en train de manger et à me demander combien il y a de calories dans le fromage en crotte… ça c’est santé 🙂

la fameuse poutine!

Une réflexion sur “Poutine ”santé”

  1. Merci d’avoir partagé cette histoire ! J’ai eu du plaisir à te lire du début à la fin 🙂 Ca m’a fait du bien ! Belle journée à toi

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