J’ai dû faire l’un des plus grands deuils de ma vie, celui de dire au revoir à un physique, dire au revoir à la Jessica au physique que l’on qualifie de feu / inspirant / fit.
J’ai dû dire au revoir à un mode de vie restrictif, obsessif, où l’image corporelle était ma priorité numéro 1. Ma vie entière tournait autour de ce ‘dit’ mode de vie. En réalisant que j’avais un trouble alimentaire depuis tellement longtemps, j’ai voulu m’en sortir. J’ai voulu dire au revoir à ce TCA qui me brûlait mentalement et physiquement. Mais se sortir du TCA, c’est dire au revoir à une très grande partie de soi. Après tant d’année à avoir construit ma vie autour d’un body-goal, si j’enlève cette partie de moi (et la seule) et faire ce deuil, après il reste quoi ? Rien. Ma vie tournait autour de mon physique.
Et voir mon corps se transformer (en prenant du poids) me dégoûtait. Oui. Parce que j’en ai encore des traces des termes que j’utilisais (sur le message texte que tu peux voir).

Dégueulasse.
Mais quel terme péjoratif. Aurais-je dit à une amie qu’elle est dégueulasse? Jamais de la vie!! Mais je disais ces mots pour me décrire.

Je regarde la photo de moi en 2018 et la fierté perce à travers mes yeux. Parce que j’étais si fière d’avoir atteint mon objectif, mon but ultime. Je ne le regrette pas, loin de là. Mais par la suite, j’en ai voulu plus, plus, plus et encore plus. Jusqu’à aggraver ma santé mentale et physique. Parce qu’atteindre un poids et un pourcentage de gras aussi bas, faire le yo-yo en peu de temps pour ces dits objectifs, c’est raide sur la santé et sa donne du power au trouble alimentaire.

Je regarde la photo de moi en 2019 et je vois la honte. La honte d’avoir pris du poids. La honte de voir que j’avais un problème. Une partie de ma vie que je commençais à partager en toute transparence. Car je me sentais seule avec mon problème d’image corporelle et de TCA. Un partage qui a été un tournant dans mon évolution et qui au final, m’a apporté tellement de bien, en bâtissant une communauté hors-pair, de gens incroyables qui me lisent et me supportent quotidiennement depuis.

Je regarde la photo de moi ce matin, en 2020 et je vois de l’amour. Du progrès. De l’empathie et de la bienveillance. Je revois la fierté, mais pas la même qu’en 2018. Celle de cette année, c’est une fierté de ce combat quotidien que je livre. C’est une fierté d’avoir atteint l’acceptation de mon image, aujourd’hui, maintenant et à l’amour de moi. J’accepte que mon corps continue de changer, de mois en mois, même après un an de thérapie, un corps qui continue à prendre de la place. Parce que ce corps, représente aussi le combat de la relation avec mon alimentation, que je continue de faire et une bataille qui n’est pas terminée.
Si tu veux vraiment te sortir de ta relation de haine envers ton image, tu dois faire ton deuil.

Merci à Caroline @Loounie et Dre Stéphanie Léonard @bienavecmoncorps d’avoir discuté du sujet du deuil physique lors d’un live instagram.