Des mots pour décrire des maux

C’est un sujet délicat et difficile et surtout tellement frais pour moi dans mon quotidien.

Mes mots et mes pensées se chevauchent mais c’est un sujet qui me tient à cœur : la violence conjugale. Celle dont je veux parler est la violence psychologique, cette violence si insidieuse. Je me questionne encore. Comment s’est-elle installée et comment je n’ai pas pu la voir?

La violence conjugale – psychologique: non ce n’est pas anodin et surtout ça peut arriver à chacun(e) d’entre nous.

Les coups font mal, la violence psychologique abat petit à petit, elle ne laisse aucune trace visible.

Tout est invisible et sournois.

De l’extérieur, au travail, chez des amis….rien ne se voit! Je souris, je suis la plus belle et la plus gentille des conjointes et puis, entre quatre murs, le malaise se fait sentir.

Mon univers est charmant, un bon travail, des voyages, un conjoint tellement souriant, jovial, sympathique, l’ami de tous, les belles apparences, quoi!

Une fois prise dans les toiles de l’araignée, je commence à douter: douter de moi, de mes qualités, de ce que je sais faire, de ce que je dis…..je me rabaisse continuellement.

La lune de miel avec ces personnes, appelons-les par leur vrai nature: les narcissiques…

Le pervers narcissique se fait vite oublier et la vie de rêve devient vite un cauchemar. Une vie ressemblant à des montagnes russes, soufflant le chaud et le froid.

Les belles paroles, les promesses, et ensuite vient le temps des non-dits, des mensonges, des menaces, des attitudes désobligeantes simplement par un regard, un geste…. « Si tu es gentille avec moi, il n’y aura pas de problèmes, il n’y aura pas de reproches, pas de pétage de plomb… » Mais si cela se produit, c’est que c’est de ma faute, j`ai surement dit ou fait quelque chose de mal.

Un accès de colère ou alors des silences, ces silences qui durent des heures, des jours, juste pour te punir de ne pas avoir été à la hauteur de ses attentes ou ses demandes.

Et puis, la culpabilité embarque, la peur, l’angoisse et même l’anxiété…..face aux mots de la violence psychologique, les maux ont commencé à devenir de plus en plus présents: crise d’angoisse, d’anxiété, la maladie….insomnie, virus à répétition, maux de dos…. des signes que j’ai fui, la petite voix qui me dit: « arrête, arrête ça là, avant d’y laisser ta peau »… je ne l’écoute pas et je l’étouffe.

Et puis sans parler des autres méthodes de violence psychologique: l’isolement. Oui un facteur que le pervers narcissique utilise alors qu’il t’isole de ta famille, de tes ami(e)s….tu es seule.

Je me remets en question constamment, à chaque seconde, je suis toujours dans le doute, sur le qui-vive. Je suis et me sens totalement inconfortable dans cette relation, c’est sûr que c’est moi le problème.

C’est un cycle qui ne cesse jamais et qui est de plus en plus rapide au fil des années où la violence psychologique s’installe: il y a des tensions. Les agressions dans le cas de la violence psychologique sont les mots, les attitudes, la manipulation…. suivi de la phase où l’agresseur se justifie: s’il a été comme ça avec moi, c’est parce que j’ai pas fait ce qu’il voulait, je lui ai mal parlé , c’était pas le bon moment, je suis susceptible, hypersensible….enfin tout est de ma faute! À cause de moi, il a cette attitude brusque et violente et le cycle se termine enfin par la réconciliation, les preuves d’amour, les promesses…

Tout ce cycle va de mal en pis avec les années….pour moi: 11 années. Pourquoi ne pas l’avoir quitté, car j’avais peur, peur de lui, de ses réactions si je partais et puis sans lui, je ne suis rien! Il me l’a assez dit: je suis personne, je n’ai pas d’ami, j’ai peur de tout, je suis négative…qui voudrait de moi? La spirale infernale… et puis de l’extérieur c’est le couple parfait.

Ce type de relation détruit la confiance et l’estime de soi….je me sens comme une coquille vide, vidée de tout mes sens, de toute mon énergie.

Pour essayer de m’en sortir, je m’entoure d’ami(e)s vitamine, de professionnels, (dans mon cas d’une travailleuse sociale car les psy n’ont pas de places actuellement), de groupe de soutien de femmes victimes de violence conjugale.

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J’essaie aussi de me rappeler qui j’étais avant de rencontrer cette personne. Au plus profond de moi, trouver ce que j’aimais faire, ce que j’aimais, mes valeurs… et je me concentre sur mon bien-être et tester de nouvelles activités.

Réapprendre à me connaître, être plus douce et bienveillante avec moi-même, arrêter de me taper dessus. J’ai le droit à l’erreur, j’ai le droit d’avoir des émotions.

Ce dont je n’ai pas le droit c’est de culpabiliser d’avoir fait confiance: je suis une victime et la violence conjugale est inacceptable.

Rome ne sait pas bâti en un jour comme dit le proverbe, ma reconstruction et celle de femmes victimes d’abus ou de violence conjugale n’ont plus. J’en côtoie qui en sont sorties et chacune d’entre elles sont formidables.

Se donner le temps, accepter de vivre mes émotions, comme on vit un deuil et passer par toutes ses étapes.

Parler, écrire, sourire à la vie malgré tout….et se créer une nouvelle vie plus légère, apprendre à m’aimer pour ne plus jamais subir ce type d’abus.

Alors des mots pour faire sortir les maux de mon corps et pour vous inciter tous(tes) à dire « Stop » à ce type de violence inacceptable, en parler et aller chercher des ressources.

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